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  • Carolina Orozco.

Vous a-t-on appris à vous aimer ?


Sur l'estime de soi, les issues

« En me regardant dans le miroir, je ne suis pas capable de dire je t'aime »

Normalement on apprend comment on se sent, quelle est notre valeur par la relation d'avec nos parents et des personnes qui nous entouraient étant enfant. Mais tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents positifs et aimants qui savaient ce qu'ils faisaient. Non, tout le monde n'a pas pu compter avec un environnement bienveillant et respectueux.

Vous a-t-on appris à vous aimer et à avoir confiance en vous, moi non. Enfant, j'ai appris que j'étais le problème, qu'il me fallait être ce que l'on attendait de moi si je voulais être accepté, aimé et protégé. J'ai appris que ma sœur avait plus de valeur que moi, qu'elle avait le droit et pas moi. On me disait que personne ne m'aimerait tel que j'étais… Enfin ! tout cela c'est du passé.

Certaines personnes ont été élevées par des parents dysfonctionnels qui n'accordent pas de la valeur à leurs enfants, qui jugent et critiquent tout le temps ou ont eu des parents négligeant qui n'ont pas été là quand il le fallait. Dans tous les cas il se peut que du à un manque paternel, vous n'ayez pas reçu le soutien émotionnel et l’apport nécessaire pour apprendre à vous estimer et à vous respecter. Pour beaucoup de personnes l'amour de soi est quelque chose d'inconnu et quand les défis de la vie arrivent, celles-ci on tendance à intérioriser tout ce qui ne vas pas. Se sentir mal devient une habitude et considéré comme normal.

L'estime de soi est ce regard que l'on porte sur nous-mêmes, le résultat d'une auto-évaluation constante qui se développe quand on commence à vivre et à interagir avec l'autre. C'est le baromètre qui répond à la question, qu'elle est la valeur que je me donne ?

Cette valeur est dicté par un langage interne, auquel on tend à s'identifier.


La transmission

On ne né pas timide ou renfermé, avec ou sans estime de soi, on l'apprend. L'enfant né rempli d'amour de soi et de l'autre, il est ouvert, spontané et est une page blanche en devenir. Au fur et à mesure de sa vie, il apprend à faire le contraire. Plus qu'une question de gènes, c'est notre vécu relationnel avec autrui, notre expérience d'enfant qui va forger notre capacité à nous accepter, nous respecter et nous aimer.

L'amour des parents pour leur enfant et le milieu familial dans lequel il va évoluer, joue ici un rôle déterminant.

Les messages que l'on va transmettre à l'enfant, « t'es capable, tu n'es pas capable » va agir sur le taux d'estime que l'enfant va pouvoir avoir, développer et utiliser une fois adulte.

Les parents qui ont tendance à souligner davantage les faiblesses de leur enfant et à se focaliser sur ce qui ne va pas, plus que sur ses réussites et ses capacités, prennent le risque que celui-ci interprète que quelque chose ne va pas chez lui.

Lorsqu'un enfant montre des signes d'une plus grande différence, quelle soit physique, comportementale, ou émotionnelle, la réponse et l'interprétation de cette individualité par son environnement proche (famille, enseignants...) marquera l'enfant. Dans le cas ou cette différence ne soit pas accepté, l’enfant observe ainsi qu'il n'est pas aimé dans cette différence et que celle-ci est souvent soulignée quand on parle de lui. Celui-ci va intérioriser ces messages négatifs reçus qui deviendront le regard qu'il portera sur lui-même.


L'exemple des parents

Je me souviens de cette femme qui m'expliquait, comment elle n'avait jamais eu d'estime d'elle. Sa vie avait été décidée par d'autres qu'elle (notamment son mari connu très jeune) et elle avait appris à l'accepter. Résigné par ce qu'elle nommait le déterminisme génétique (expression apprise lors d'un programme de télévision). Pour elle tout cela été dû aux gènes, dans sa famille tous avaient confiance en eux sauf elle et sa mère qui avaient tiré le mauvais numéro. Elle voyait comment le schéma se répétait avec sa petite fille de trois ans. L'attitude des parents peux confiants en eux, sensibles au jugement des autres, avec des difficultés pour agir transmettent leurs peurs et leurs croyances à leur insu. On le voit aussi dans la différence d'éducation entre filles et garçon. Plus qu'un problème génétique, c'est un problème d'identification et d'imitation des parents.

L'autre cas que je remarque chez mes consultants est la comparaison constante qu'ils font d'eux avec le reste du monde. L'arrivée d'un frère ou d'une sœur au caractère opposé, entraine souvent des formes de comparaison qui s’enregistrent dans l’inconscient de ce dernier mettant en place un mécanisme d'auto-évaluation en fonction de l'autre.

Tout abus de pouvoir sur l'enfant qu'elle soit, verbale, physique, morale, psychologique ou sexuelle aura des conséquences sur l'estime et l'image que l'enfant aura de lui plus tard.

Le manque d'estime de soi est souvent défaillant chez les personnes, c'est une situation plus répandue qu'on ne le croit, même pour ceux qui se cachent derrière le masque de la réussite. On peut très bien se sentir compétant dans son travail et impuissant dans les relations.

Malgré la bonne volonté des parents, il est rare d'échapper à une mauvaise compréhension de la situation où des intentions de la part de l'enfant. De plus, en tant qu'adulte, on n'estime pas toujours nécessaire le besoin d'expliquer ou d'informer l'enfant, « il est trop petit, il ne comprend pas », hors rien n'est plus faux, il voit tout et interprète tout sans aucun filtre de protection à part l'amour et l'éducation de ses parents.


De l'exemple social à la performance sociale

Que ça soit la performance scolaire, (l'exigence que l'on demande aux enfants est devenue quelque chose de très violent) ou la performance professionnelle demandé aux adultes, ce qui caractérise notre société est que c'est devenue une sorte d’obsession, de nécessité d'être toujours plus performant. On s'oublie et on ne s'écoute plus pour pouvoir adopter un comportement et obtenir des résultats de « Winner », gagnant. Dans ce mécanisme et adaptation des idées sociétales, (qui soit dit en passant ne sont là que pour vous faire consommer) on doit toujours faire preuve de sa valeur, pour travailler, trouver un conjoint, avoir des amis...se plaçant ainsi sur le marché du jument social.

Là surgit de nouveau ce mécanisme de comparaison, je me compare au collègue qui a eu sa promotion, à l’élève doué en math, au voisin avec sa nouvelle maison... et ça n'en fini plus, car personne ne fixe de limites. C'est pourquoi le sujet de l'estime de soi est devenu d'autant plus important que si nous voulons faire partie du groupe, il nous faut en posséder. Rien n'est plus horrible que de se faire rejeter socialement. Pour ne pas prendre ce risque, certains perdent toute notion d'identité et d'individualisation et bien sur d'estime de soi.

L'apparence de notre corps qui projette en premier l'image de soi, est devenue une obsession qui frise parfois le ridicule. On tente sans cesse d'atteindre des stéréotypes de perfection qui n'existent pas réellement. Cela commence très tôt, lorsque l'on offre une poupée Barbie à sa fille et que celle-ci commence déjà à s'identifier à ce modèle imaginaire aux proportions inconnues de l’espèce humaine. C'est pareil pour les garçons avec les G.I.Joe (poupée pour garçons), au début ils représentaient des modèles d'hommes physiquement en forme et athlétiques et aujourd'hui ce sont des surhommes aux muscles atrophiés. Il ne faut pas s'étonner de voir en consultation des patientes de plus en plus jeunes atteintes de troubles du comportement et d'anorexie. Idem pour les hommes, ce qui était jadis réservé aux femmes est devenue aussi un problème masculin. Les hommes aussi se font vomir pour atteindre les standards de beauté.



Stratégies et auto-sabotage

Quand le manque d'estime de soi est trop profond, la souffrance qu'elle amène à consulter et à faire une thérapie.

Ainsi, j'ai pu observer comment l’instinct de survie de l'enfant le conduit à adopter des stratégies en fonction de ce qu'il a interprété et cru. Bien souvent si celles-ci ont servi à l'enfant à un moment donner, elles son défaillantes pour l'adulte qui a besoin d'avancer et de se construire.

« j'ai toujours vécu pour les autres et je me suis souvent oublié, je n'ai pas confiance en ma valeur et je me laisse souvent écraser par les autres parce que je ne sais pas ce qu'il me faut. Je ne suis qu'un corps » Veronique 45 ans

L'une des premières stratégies que je remarque, est de se couper de son ressenti, quand cela fait trop mal. Pour se protéger à un moment donné l'enfant ne va plus se donner la permission d'être en rapport avec lui-même, ce qui constituera pour l'adulte le drame de sa vie.

L'esprit bloque ainsi sa connexion avec le corps pour en prendre le contrôle. Désormais il ne sent plus, il analyse, cherchant en permanence les signes extérieurs qui pourront soit l'aider dans son estime soit renforcer l'image limitante qu'il a de lui.

Cette déconnexion interne, va-le couper de la compréhension de quels sont ses besoins et quelles sont ses valeurs. Cette méconnaissance de soi laisse la personne à la merci du monde extérieur sans moyens de s'écouter et de se comprendre. Elle ne se fera pas confiance et laissera les autre décider pour à sa place. La personne en manque d'amour d'elle cherchera en permanence l’approbation de l'autre en satisfaisant d’abord ces besoins avant les siens, pour trouver l'amour et la reconnaissance qu'elle n'a pas eu et qu'elle n'a pas. Toujours en quête de ce geste, de ce mot qui lui dira, « tu as bien fait, tu as de la valeur », un mécanisme s'installe, indiquant la souffrance existentielle de la personne qui ne s'aime pas suffisamment pour ce donner une chance et qui cherche encore inconsciemment l'affect et l'acceptation de ses parents.

Le problème est que l'on est constamment entrain de s'évaluer et on n'est plus dans la situation, mais dans son interprétation. Le corps se contracte se resserrer, tendu par un jugement permanent de ce qui aurait dû ou n'aurait pas du être dit ou fait. L’élan créateur qui pourrait augmenter l'estime de soi est étouffé par cette recherche constante de valeur dans le regard de l'autre. Les notions de plaisir et de joie se perdent.

En faisant cela, on n'a pas conscience que l'on se coupe aussi de notre boussole intérieure qui nous sert à mesurer la concordance de notre vie et de nos choix en fonction de nos valeurs et de nos besoins. L'effet pervers est que, plus, on est déconnecté de soi-même, plus on cherche à l'extérieur à combler ce vide en adoptant des comportements qui donnent comme résultat encore plus de vide. Ainsi, il y a confusion entre la personne et son comportement, entre être et faire.

On adopte des stratégies dans le faire pour amener l'autre à nous donner ce dont nous avons besoin pour être. La personne en manque d'estime d'elle se regarde dans le comportement et la projection de l'autre comme dans un miroir, comme le fait l'enfant qui se voit dans le regard de ses parents et de son environnement pour ensuite l'intégrer. Cette recherche perpétuelle de ce qui nous a manqué est épuisante, énergivore et déprimante. C'est une course à la performance pour s'adapter toujours à l'autre, pour se faire voir dans l'espoir d'être aimé et reconnu. On ne se rend pas compte que l'on ne peut trouver à l'extérieur ce que l'on n'a pas à l'intérieur, car notre mécanisme de pensée et d'action est fondé sur ce manque. Nous ne pouvons donner ce que nous n'avons pas en nous, tout comme nos parents qui ont fait de leur mieux avec ce qu'ils avaient en eux. Eux non plus n'ont pas reçu et appris ce dont ils avaient besoin, sans quoi ils vous l’aurez donné.

Je remarque comment le manque d'estime de soi amène à créer des stratégies d'auto sabotage fondées sur l'interprétation et sur les choix que l'enfant à fait. Les sentiments dont on me fait part le plus souvent sont ceux de l'injustice, d'abandon, de rejet et de trahison. Ces sentiments correspondent aussi à comment nous nous traitons, l'autre est le miroir qui nous fait voir là où nous avons mal, là ou c'est blessé. On s'abandonne au regard de l'autre, on rejette notre droit à exister et on se trahit en ne respectant pas notre droit à être.

Hors si je suis en prise non pas avec ce qui s'est passé, mais avec l'interprétation que j'en ai fait et à partir de laquelle je me suis évalué, c'est que j'ai un pouvoir. Celui de créer, et si j'ai crée par inconscience, je peux aussi défaire en conscience.



Issue

Il existerait nombre de moyens pour retrouver l'estime de soi (répétition de phrases positives, éviter la comparaison, être bienveillant...). Hors si pour certains ces moyens donnent de bons résultats, pour d'autres dont l'estime a été plus touchée il n'en est rien.

Si vous croyez profondément que certaines choses ne sont pas pour vous ou que vous ne les méritez pas, vous risquez de vous heurter à un mur. Celui du subconscient qui garde en mémoire tous vos choix et croyances à votre égard.

Récupérer l'estime de soi passe aussi par la compréhension de ce qui nous a amenés là. Quelles sont ces blessures et ses croyances qui agissent encore contre moi. Les détecter, apprendre à les accepter pour pouvoir les transformer et s'aimer.

Désormais, vous êtes devenu un adulte et en cela vous êtes responsable de votre vie. C'est vous qui disposez de tous les moyens à votre épanouissement, ne comptez pas sur les autres pour prendre en charge vos besoins, apaiser vos craintes ou soulager vos peurs. N'attendez pas des autres ce que vous ne pouvez faire pour vous. Passez à l'action, agissez pour vous même et par vous même. Acceptez de faire confiance à vos propres ressources, elles sont énormes même si pour l'instant vous ne les voyez pas. Vous n’êtes plus un enfant fragile qui a besoin d'approbation pour exister. On a tous des blessures en nous qui bloquent notre bien-être et notre avancé, cependant ce qui me semble important n'est pas de savoir ce que l'on vous à fait, mais de savoir ce que vous allez en faire.

Lorsqu'une personne prend la décision de travailler sur elle et de se prendre en main pour cesser d'être une victime, les efforts qu'elle fait et qui demandent du courage sont pour moi un acte d'amour et de conscience.

Vous permettre de sentir vos émotions (même si elles ne sont pas agréables), d'être à l'écoute de vos besoins, comprendre qu'elles sont ses valeurs qui font de vous un être unique et précieux. Respectez qui vous êtes, suivre un projet, créer, s'accorder le droit à l'erreur, se consoler, persévérer, prendre des risques, rire de vous-même. S'accepter tel que l'on est (imparfait) sans renoncer à évoluer. Tout cela augmente l'estime et la connaissance de soi.

Personnellement je crois en la valeur de chaque être et pour l'avoir vécu, je sais que le manque d'estime de soi est un déséquilibre de notre regard extérieur et de son interprétation intérieure. C'est un mensonge que l'on nous a raconté, que l'on a créer ou appris. Comme tout mensonge, il suffit parfois d'une étincelle de vérité pour que vous deveniez cet être merveilleux et unique que vous êtes.

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